L'USDA obligé en permanence de maintenir les cours des MPA sous pression baissière

Depuis plus de 10 ans que nous suivons les cours des céréales et oléagineux, il est remarquable d'observer le comportement de l'USDA suite à un incident climatique dans une zone de production agricole qui compte énormément sur le plan de l'export des grains au niveau planétaire. Il faut dire, qu'auparavant, c'est-à-dire avant l'explosion de la crise des subprimes, il y a déjà plus d'une décennie, c'étaient les facteurs réels de l'offre et de la demande qui faisaient parfaitement les cours de nos MPA. Mais depuis cet incident, le monde des commodités agricoles a changé, et de façon encore plus importante après la relance économique mondiale de 2009/2010, jusqu'à ce que les anticipations économiques prennent le dessus, même si quelque part les fondamentaux classiques de l'offre et de la demande comptent toujours pour partie.

Le début de cet article a été rédigé le 3 septembre 2019 et finalisé ce mardi 24 septembre, où entre les deux dates, ont eu lieu des décisions majeures de la part des banquiers centraux pour soutenir l'économie mondiale qui ralentit fortement et ce sont déroulés des événements là aussi majeurs, notamment sur le plan géopolitique avec l'attaque d'installations prétrolières de l'Arabie saoudite qui ont donné un aperçu de ce qui pourrait se produire si un conflit potentiellement possible entre les Etats-Unis et l'Iran venait à surgir, avec une forte hausse des cours du pétrole (jusqu'à + 20 % en cours de séance) et au début d'un assèchement bancaire suite à une dimuntion de confiance de prêts d'argent entre banques (la Fed apportant 75 milliards de dollar par jour pendant près d'une semaine).

Ce qu'il faut comprendre de la situation actuelle et depuis des années (printemps 2014 où les cours des MPA ont été verrouillés), c'est qu'il ne peut y avoir une politique de hausse de taux sous peine de faire chuter une bonne partie de l'économie, car un grand nombre de sociétés sont portées à bout de bras par la politique monétaire des banquiers centraux (politique de taux 0 voir négatif) pour éviter qu'une partie de l'économie s'écroule. Le problème, c'est le fait qu'en soutenant ces entreprises très endettées, les banquiers centraux nourissent la bête, c'est-à-dire la déflation; expliquant ainsi que l'inflation a du mal à revenir à cause de ces sociétés qui continuent d'augmenter les capacités de production et donc qui exacerbent la concurrence avec la conséquence de tirer les prix à la baisse, notamment sur le plan des matières premières, aussi bien agricoles qu'énergétiques. 

Résultat, on peut suivre depuis 3 ans, soit depuis le point bas de Février 2016, un mimétisme surprenant entre d'un côté le taux d'intérêt à 10 ans et le prix du blé aussi bien sur Euronext que sur Chicago (voir les 3 graphes ci-dessous) :

 

Analyse technique cours du Blé Euronext Hebdo du 01 09 2014 au 01 09 2019 à 09

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Analyse technique cours du Taux 10 ans américain Hebdo du 01 09 2014 au 01 09 2019

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Analyse technique cours du Wheat CBoT Hebdo du 01 09 2014 au 01 09 2019

 

Certains nous dirons que l'on a oublier de mentionner la guerre commerciale, et que c'est elle qui pénalise les cours des MPA. Effectivement, mais cette guerre commerciale se retrouve aussi avant tout au travers de l'évolution des taux, notamment le taux à 10 ans américain, et que cela a de suite un impact sur les cours des MPA. Alors oui, lorsque le climat fait son oeuvre, le marché progresse, mais c'est aussi pour cela que l'USDA fait le job, en sortant la grande lance à eau afin d'éteindre au plutôt le feu. Le rôle de l'USDA est avant tout politique et c'est en prime assez facile, car ne jamais oublier que l'USDA publie des estimations et non la réalité du terrain. Et c'est aussi pour cela que l'USDA va jouer sur le curseur de la consommation et de la production, dans le but de s'assurer que l'estimation du stock de fin soit toujours élevé dans le but de mettre la pression à la baisse sur les cours des MPA.

Imaginer une seule seconde une réelle hausse des prix des MPA et du pétrole. Vous le visualisez bien. Et si c'est le cas, la logique sera une hausse des prix à la consommation et donc une hausse de l'inflation. Et qui dit hausse de l'inflation dit relèvement des taux d'intérêt. Et qui dit relèvement des taux d'intérêt dit surchauffe de l'économie. Et qui dit surchauffe de l'économie dit déficit de production vis-à-vis de la demande. Et qui dit déficit de production dit demande d'emprunt pour augmenter les capacités de production pour faire face à la demande. Et qui dit hausse du crédit dit hausse du loyer de l'argent pour éviter à termes des défauts sur le remboursement de prêts. Juste la mécanique classique, mais que les banquiers centraux et consorts ne veulent voir, car depuis la Grande récession (2008/2009), l'économie que l'on nous sert est de plus en plus virtuelle et de moins en moins réelle, sauf lorsque toutes les données statistiques vont dans le même sens comme actuellement, c'est-à-dire lorsque l'on arrive en période de récession (un cycle économique dure en règle générale 5 ans avant de laisser place à une récession nécessaire pour souffler). Là, le cycle de croissance économique dure depuis 10 ans sans avoir vraiment marqué de récession : est-ce normal ?

Voilà, au final ce n'est pas si compliqué que cela de comprendre que les cours des MPA sont condamnés à ne pas évoluer au-delà d'une certaine zone qui est maintenant assez visble de tous, puisque cela est en place depuis le printemps 2014, faisant suite à la réglementation de 2013 d'interdiction des banques d'avoir un bureau de trading sur les MPA et applicable au plus tard au 1 juillet 2015.

Pour le cours du blé, on va retrouver les 160 - 195 €/t à +/- 10 €/t (155 - 205 €/t). Donc, l'essentiel est maintenant de saisir l'opportunité de vendre son physique sur un point haut, et ensuite de gérer l'évolution des cours (80 % des cas à la baisse ou en stagnation) avec du papier (option/lot) le restant de l'année.


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